Seconde main, seconde vie
Nigel Ackland a eu un accident du travail au cours duquel son avant-bras droit a été écrasé. Il a été amputé sous le coude et équipé d’une main passive, purement esthétique. Son deuxième bras fut un crochet motorisé qu’il pouvait ouvrir et fermer.
Il a ensuite reçu un bras électrique avec un dispositif terminal appelé greifer, plus fonctionnel, mais peu esthétique, car ne ressemblant pas à une main.
Aujourd’hui, Nigel est équipé d’une main Bebionic v2, avec un mouvement et une apparence réalistes. Il peut accomplir les tâches quotidiennes à deux mains comme conduire, taper sur un clavier, se laver les mains, tenir le téléphone, serrer la main.
BeBionic v3 utilise la même puce sans fil, les superpositions de silicone personnalisables et les contrôles de vitesse de son prédécesseur, mais elle a été redessinée avec un châssis en aluminium et peut gérer jusqu’à 99 livres de poids, avec presque le double de poigne. La main bionique capte de faibles signaux électriques à travers la peau du bras et les amplifie. Elle coûte entre 25000 et 35000 $.
Un robot peut-il apprendre à cuisiner ?
C’est la question posée dans The Atlantic par Evan Selinger, enseignant en philosophie et Evelyn Kim, journaliste gastronomique.
Chez les humains, cuisiner relève de la connaissance tacite. Pour l’acquérir, il faut une longue interaction sociale. Gary MacMurray, du Georgia Tech Institute, veut contourner le problème, pour la découpe du poulet, grâce à un système d’imagerie en mesurant les dimensions. Mais chaque poulet a une structure musculaire propre. Si un humain expérimenté évalue immédiatement comment couper sans gâcher de viande, c’est plus difficile pour la machine.
MacMurray pense que c’est une question de temps. Mais le robot pourra-t-il avoir le doigté des grands cuisiniers ?
Pour John Regefalk, chef à Rome : « Comment un robot saura-t-il si la livraison de poissons est fraîche ?” et pour Chris Selk, chef canadien : “La touche humaine donne vie aux ingrédients et sa faillibilité fait leur valeur”. Pour les auteurs, si un robot arrive un jour à cuisiner, il n’aura jamais la connaissance de l’expérience sublime consistant à manger.
Et pendant ce temps, chez Foxconn
Quand les consommateurs ont commencé à se plaindre des conditions de travail des employés de Foxconn, son Président, Terry Gou, a eu l’idée de remplacer les employés par des robots. Avec un objectif d’un million de remplacements en 3 ans. A la fin de l’année 2012, ce sont déjà 30000 robots qui sont installés en usine.
Ces robots sont fabriqués en interne : les FoxBots sont simples et remplissent des tâches répétitives, mais ils semblent être très adaptables. Ils coûtent entre 20000 $ et 25000 $ soit plus de 3 fois le salaire moyen. Par ailleurs, Foxconn a accordé une augmentation de 25% en 2012 à ses employés. Là où les uns voient un danger pour le travail des humains, les autres y voient une façon d’améliorer leurs conditions de travail.
Le nombre de robots opérationnels en Chine a augmenté de 42% entre 2010 à 2011. A ce rythme d’adoption, il y en aura 1 millions avant 2019.
Où sont les robots d’assistance ?
Sur le site spectrum.ieee.org, Frank Tobe s’interroge sur l’absence des robots d’assistance. Il note le poids du financement nécessaire à une telle entreprise et le fait qu’aux Etats-Unis, ces projets aient peu d’aides de l’Etat. Les robots de téléprésence se diversifient beaucoup. L’ajout de la possibilité de transporter des objets serait la prochaine innovation, suivie par l’ajout d’un bras, puis d’un second et toujours plus d’applications.
Tandy Trower, PDG d’Hoaloha a présenté les plans de conception de son robot (photo). « A partir de fonctions présentes dans les PC, en ajoutant la mobilité autonome, des applications innovantes et un design centré sur l’homme, il permettra à l’utilisateur de rester connecté, informé et diverti, en améliorant la sécurité et l’accès aux services. Nous fournirons aussi l’intégration de solutions technologiques : dispositifs biométriques, visites médicales, télésurveillance, appels d’urgence, distribution de médicaments, services en ligne, avec une interface « naturelle » gérant parole, vision et technologies tactiles.
Le rapport Gallois en faveur de la robotisation
Le rapport Gallois relève « l’insuffisance d’investissement de productivité et d’innovation dans le processus de production ». La robotisation est « clairement en retard » : « 34.500 robots industriels, avec une moyenne d’âge élevée, en France contre 150.000 en Allemagne. » L’industrie est dans une course permanente aux coûts bas pour maintenir sa compétitivité dans un milieu de gamme.
Les grands groupes ont adopté les robots mais les PME sont à la traîne, du fait d’un manque de compétence et du coût de l’équipement (120000 € en moyenne).
Le Symop a conçu un programme de 33 M d’€, baptisé « Robot Start PME » pour accompagner les PME dans la robotisation.
L’automatisation nourrit une activité compétitive et génératrice d’emplois : Les pays les plus robotisés ont un taux de chômage bas (6% en Allemagne en 2011). Selon Mohammed Oussedik, dirigeant CGT : « Notre industrie a décroché parce qu’on a abandonné la filière de la machine-outil. On n’a pas pu faire la montée en gamme et seuls les secteurs les plus robotisés ont survécu. »
A l’exploration de Fukushima
En mars 2011, Makoto Ochiai approche les réacteurs de la centrale de Fukushima. L’ingénieur de Toshiba comprend que son groupe doit repenser ses outils d’intervention en zone de crise pour pénétrer au plus profond de la centrale. Les machines actuelles, montées sur roues sont paralysées par les débris et l’eau. Quince, robot roulant, a été perdu lors d’une mission. Après 18 mois, Toshiba a présenté une machine quadrupède capable de surmonter des obstacles. Elle pèse 65 kg, mesure un mètre et ressemble à un retro-projecteur monté sur des pieds d’acier. Commandé à distance, par wifi, il monte des escaliers, progresse dans 20 centimètres d’eau et dépose un engin roulant plus petit équipé de caméras et de dosimètre afin d’opérer dans des espaces plus confinés. Avec des matériaux spécifiques, le robot peut supporter 300 gray de radioactivité et sortir des zones où il détecte une trop forte contamination. Il aboutira à une nouvelle génération de machines qui porteront des charges de 80 kg, enjamberont des obstacles de 50 cm et grimperont à des échelles.
Du muscle pour les robots
Des nanotubes de carbone torsadées peuvent soulever 100000 fois leur poids et générer 85 fois la puissance mécanique des muscles biologiques. Le principe est d’utiliser le changement de volume d’un liquide placé dans les tubes, tel la cire. Le chauffage du fil, électriquement ou par un flash de lumière, provoque l’augmentation du volume du fil, qui se contracte en longueur. Cet effet est augmenté par la torsion de la structure hélicoïdale du fil. La contraction musculaire a lieu en 25 millièmes de seconde. Parce que les muscles peuvent être tordus ensemble et sont capables d’être tissés, tressés et noués, ils peuvent être utilisés dans des matériaux intelligents et des textiles. Ils peuvent être déployées à des températures supérieures à 1000°C, point de fusion de l’acier, ou aucun autre actionneur ne peut survivre. Ce résultat est le fruit d’une collaboration internationale entre chercheurs américains, australiens, coréens, chinois, canadiens et brésiliens.
Un robot de compagnie, spatial
Des chercheurs Japonais ont annoncé le développement d’un robot humanoïde parleur, qui tiendra compagnie à un astronaute nippon à bord de la Station spatiale internationale (ISS). L’université de Tokyo, associée à la division robotique de Toyota, à l’Agence d’exploration spatiale japonaise (Jaxa), au groupe publicitaire Dentsu et à d’autres entreprises nippones, fabrique un robot humanoïde de 34 cm de haut, qui sera capable d’entretenir la conversation de façon naturelle (en japonais) avec l’astronaute Koichi Wakata (photo) à partir du second semestre. Le robot qui sait reconnaître les visages, devrait être achevé en février. Il ressemblera à un petit astronaute et rappellera « Astro le petit robot ». Un appel public a été lancé pour lui trouver un nom, ainsi qu’à son jumeau qui restera au sol. L’objectif du projet est d’étudier dans quelle mesure un robot de compagnie peut apporter un soutien moral à des personnes isolées.
Comment apprendre à un robot à plier une serviette ?
En lui montrant comment faire. On peut apprendre à des robots à effectuer des tâches sans programmation. C’est le sujet de Maya Cakmak de l’Institut Technique de Géorgie. L’idée est de transformer PR2, robot open source, en robot domestique. Trente volontaires, de 19 à 70 ans, n’ayant aucune notion de programmation ont montré au robot comment récupérer un médicament dans une armoire et plier une serviette. Pour cela, ils ont suivi un tutoriel expliquant les manipulations à faire. Ils ont guidé les bras métalliques du robot pour lui montrer ce qu’il devait faire, tout en lui donnant des instructions vocales. Lorsque les manipulations n’étaient pas correctement réalisées, les instructeurs aidaient le robot à progresser. À la manière humaine, la machine apprend à réaliser des tâches simples. Le robot pourra faire mieux avec un fonctionnement en groupe. Si de nombreux PR2 apprennent à réaliser des manipulations différentes, ils peuvent se transmettre cet enseignement et s’enrichir mutuellement.
Des règles pour les drones autonomes
Le Département de la Défense américain a publié une directive sur l’utilisation de systèmes d’armes destinés à sélectionner et engager des cibles sans l’intervention d’un opérateur. Les systèmes d’armes autonomes et semi-autonomes « doivent être conçus pour permettre aux opérateurs d’exercer des niveaux appropriés de jugement humain sur l’usage de la force », dit la doctrine. « Les êtres humains doivent jouer un rôle de surveillance, avec la possibilité d’activer ou de désactiver cette fonction. » Les systèmes seront tenus de passer par des phases de vérification et d’essais opérationnels. L’objectif est d’éviter les « engagements non intentionnels », définis comme des «dommages aux personnes ou choses que l’opérateur humain n’a pas l’intention de définir comme cible d’opérations militaires, y compris des niveaux inacceptables de dommages collatéraux. » Les auteurs du rapport ne s’attendent pas à avoir besoin de la réglementation de si tôt, le système d’arme autonome en milieu naturel étant très en avance sur les possibilités technologiques actuelles.
Aidez la boule Koule !
Plus de 10 années de recherche ont aboutit à Koule, une balle intelligente conçue pour encourager le jeu actif et aider les enfants autistes à acquérir des compétences émotionnelles. L’équipe de Québec Innovations cherche des fonds pour finir matériel et logiciel. La balle Koule a des jeux qui visent à stimuler l’attention d’un enfant. Ils fonctionnent en déclenchant des sons et des lumières à l’intérieur de la balle lorsque les capteurs sont touchés. Le jeu « Couleurs », enseigne aux enfants les différentes couleurs. Au premier niveau, le Koule roule et prononce le nom de la couleur. Il définira la couleur sur le deuxième niveau. Au troisième niveau, le jouet nommera une couleur, puis dira à l’enfant de le ramasser quand il aura cette couleur. Le jeu « Emotions » apprend les émotions en se basant sur les couleurs. Les parents peuvent utiliser leur smartphone pour dicter quelle émotion affichera Koule. L’équipe espère que les développeurs de logiciels tiers produiront de nouveaux jeux. Pour aider Koule : queinnovations.com
Robot d’égouts écolo
EcoBot III est alimenté par la transformation des eaux usées. Disposant d’une pile à combustible microbienne, le robot produit de l’électricité à partir de la décomposition des déchets organiques qui y sont présents. Il se recharge de façon autonome et offre une durée de fonctionnement virtuellement illimitée du moment que des déchets sont à portée. Fruit du laboratoire robotique de Bristol et de Wessex Water, le but du projet est de développer des robots écologiques et autonomes. EcoBot III doit gagner en autonomie. Il peut fonctionner 7 jours d’affilée sans aide, en utilisant 1% de l’énergie présente dans les déchets qu’il digère. Le processus de traitement des déchets est très consommateur d’énergie et la taille réduite d’EcoBo III semble être un handicap dans ce sens. Julien Dennis, directeur de l’innovation et de la recherche de Wessex Water est persuadé qu’une application à plus grande échelle permettra de proposer une équipe robotique autonome gérant l’entretient et la manutention des systèmes d’égouts en réduisant les consommations électriques.