Des robots pour la bio
En janvier à Chicago, les professionnels de la robotique faisaient démonstration de leurs apport à la filière des sciences de la vie.
Les systèmes robotisés permettent d’accompagner l’envolée technologique de la filière et de respecter les nouveaux règlements de la Food and Drug Administration. « Le désir d’éliminer les tâches ingrates se répand. » selon Rush Laselle, vice-président d’Adept Technology. « Les robots fournissent du temps pour effectuer des tâches de haut niveau. Le niveau élevé d’erreur est un sous-produit des tâches répétitives. La robotique atténue ce risque. La logistique représente d’énormes possibilités d’économies. La livraison de médicaments est à la fois sensible mais également une utilisation très inefficace du temps du personnel. » Les robots effectuent des tâches dans des environnements dangereux pour les êtres humains. L’usage de la robotique avec des outils de traçabilité est l’une des réponses aux directives de la FDA. Les robots permettent enfin de répondre aux normes d’aseptie, avec des machines résistant à des lavages durs.
Bébé Diego deviendra grand… tout seul
L’université de Californie a dévoilé le robot humanoïde Diego-san. Il reproduit les expressions d’un bébé d’un an. Il est capable d’afficher de nombreuses expressions faciales : il sourit, s’étonne ou se met en colère. Il n’a pas les dimensions de son modèle humain puisqu’il mesure 1,30 m pour 30 kg. Son corps compte 44 joints pneumatiques, la tête est munie de 2 caméras HD et le visage est composé de 27 éléments pour offrir des expressions plus détaillées. Le robot a été conçu comme une plate-forme pour étudier le développement cognitif des bébés. «Son principal but est d’essayer de comprendre le développement de l’intelligence sensori-motrice d’un point de vue informatique», explique le Dr Movellan, qui dirige le « Machine Perception Lab ». Diego a été conçu pour apprendre de son environnement comme un enfant. Ses expressions ne sont pas programmées mais apprises en mimant ses créateurs. L’expérience sert le domaine de la psychologie du développement, pour comprendre comment les jeunes enfants apprennent à partir de leurs interactions.
Un robot dans le camion
« Une grande partie de la manutention bénéficie de l’automatisation. Le chargement des véhicules est encore essentiellement une opération manuelle » explique Kevin Ambrose, DG de la Société Wynright. « Cela peut devenir un facteur limitant à l’efficacité globale de l’entrepôt. » Wynright produit un robot chargeur et un déchargeur. Robotic Truck Unloader est un véhicule autonome qui navigue dans une remorque ou un conteneur. Il repère la taille et la forme, même irrégulière, des colis. Il les décharge sur un tapis qui les transfère dans l’entrepôt et balaye automatiquement les codes-barres. Il mesure leur poids et taille et alerte en cas d’erreur. Robotic Truck Loader construit des piles à l’extérieur de la remorque puis les pousse à l’intérieur. Chacune mesure la moitié de la hauteur de la remorque. Après avoir positionné la première, le robot place la seconde au-dessus puis travaille à la suivante. Pour se situer dans la remorque, il utilise un système de mesures laser qui balai l’environnement. Le nombre de chargements horaire est multiplié par 2.
Débat à l’ONU sur l’usage des drones
Le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, a demandé au Conseil de sécurité d’approuver l’utilisation de drones de renseignement, non armés, dans l’Est du Congo. La Chine et la Russie sont réticents. Le Rwanda, qui a l’un des sièges tournants et est accusé d’ingérence au Congo, y est opposé. L’Amérique, la France et la Grande-Bretagne sont pour. La mission de paix au Congo, la MONUSCO, compte 17000 soldats. Ils ont échoué en novembre à empêcher un groupe rebelle congolais que le Rwanda est accusé de supporter, de prendre la capitale régionale de Goma. Les drones n’auraient pas contrarié l’avancée des rebelles mais auraient empêcher la violation de l’embargo sur les armes qui a conduit à l’offensive. Depuis 1999, le nombre de soldats de la paix est passé de 12000 à 100000 et la facture annuelle de 2 à 7 mds $. La même demande en 2009 avait été rejetée. Depuis lors, le coût des drones a chuté. L’utilisation pourrait concerner la surveillance de zones comme la frontière entre le Libéria et la Côte d’Ivoire ou celle entre les Soudans.
Une nouvelle ère de services pour les satellites
En janvier, les contrôleurs de la NASA et de l’Agence spatiale canadienne ont utilisé le bras robotique Dextre de la station spatiale internationale pour simuler un ravitaillement dans l’espace. Un satellite a une date de la retraite déterminée par la fiabilité de ses composants et sa consommation en carburant. La réparation et le ravitaillement d’un satellite existant sont moins chers que la construction et le lancement d’un neuf. Cette capacité de réparation in situ diminuera aussi le nombre de débris orbitaux. Un module de mission de ravitaillement robotique (MRR) contient les composants pour pratiquer des tâches qui seraient effectuées au cours d’une mission de service. Destre et MRR ont ont montré que les robots peuvent transférer du carburant aux satellites avec des vannes scellées, jamais conçues pour être accessibles. Le MRR actuel ne sera pas opérationnel mais ses outils jettent les bases de la robotique de service en orbite et sa technologie pourrait être la même pour nettoyer l’espace ou sauver un vaisseau spatial.
IRobot : la maison, de la piscine à la gouttière
iRobot a présenté lors du CES, Mirra 530, robot nettoyeur de piscine et Looj 330, robot nettoyeur de gouttières.
« Mirra 530 est doté des dernières technologies en matière de nettoyage de piscine et est un outil facile à utiliser. Il ouvre la ligne iRobot sur une nouvelle branche de robots domestiques », a déclaré Jeff Beck, chef d’exploitation chez iRobot. «C’est aussi la première fois que nos robots de plein air seront disponible à l’extérieur des Etats-Unis. C’est un énorme bond en avant pour notre croissance. »
Mirra nettoie tout type de surface de piscine et également l’eau, sans utiliser le système de filtration de la piscine, des tuyaux ou des pompes de surpression, ce qui se traduit par des économies d’énergie.
Looj 330 prend en charge un travail dangereux, le nettoyage des gouttières. Il en retire feuilles et saleté par brossage (500 tour/min).
Mirra 530 coûterait 1300 $ et Looj 330, 300 $. Ils seront disponibles en Amérique du Nord et dans certains pays au printemps.
Le feu n’a qu’à bien se tenir
A Waterboro, la société Howe & Howe Technologies fabrique des robots extrêmes. Le dernier, Thermite RS1-T2 est un robot compact d’intervention lors des incendies de matières dangereuses ou dans les centrales nucléaires. Ce petit robot trapu sur chenilles de tank est une machine puissante de lutte contre les incendies qui fournit un moyen de reconnaissance. Le Thermite est commandé à distance et peut être utilisé jusqu’à 400 m. Il mesure 188 cm et pèse à 744 kg. Le Thermite est en mesure de passer par les portes et de naviguer dans les pièces. Ses 25 ch de moteur diesel peuvent transporter jusqu’à 576 kg et sa structure en aluminium et acier de qualité aéronautique lui permettent de traverser les terrains difficiles. Son outil de lutte contre l’incendie est une buse multi-directionnelle pouvant émettre 2270 l d’eau par minute. Le Thermite a été conçu à partir d’une base modulaire, la RS1, débutée comme un projet familiale en 2000 et commandée par l’armée américaine en 2001.
La nuit du Grand Age, cinquième
Marc Dumas Conseil, Gérontechnologie.net et EHPA presse organisent la 5e édition de la Nuit du Grand Age et du Bien Vieillir, le jeudi 16 mai 2013 au Casino de Paris. 1000 professionnels du secteur sont attendus pour découvrir les dernières initiatives innovantes menées en matière d’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. Des trophées seront décernés autour de 4 thèmes : Bien vieillir chez soi et dans la cité (technologies pour l’autonomie, communication, projets de R&D, de design for all, offres de services innovants), hébergement collectif et maisons de retraite (gérontechnologie, travail en réseau), prévention pour soi et les siens (projets ou technologies permettant de donner du répit aux aidants), santé et avancée en âge (solutions d’accompagnement technologiques, e-santé, télémédecine). Un forum expo sera l’occasion de s’informer et de découvrir de nouveaux produits et services et enfin, un cocktail pour se retrouver, échanger, se rencontrer, entre confrères.
Un poisson en état de Grace
Xiaobo Tan et une équipe de l’université du Michigan conçoivent des robots destinés à l’étude de la pollution des lacs et rivières. Leurs dernières créations sont inspirées du poisson. Elles sont propulsées par une nageoire caudale qui oscille et sont donc rapides et manœuvrables.
Mais ce mode de locomotion est énergivore. Un nouveau mode de locomotion a été ajouté au robot : le vol plané. Lorsqu’il doit descendre, une petite pompe rempli un ballast. Une fois le mouvement de descente amorcé, deux petites ailes fournissent la portance, ce qui lui permet de planer. Pour remonter, la pompe vide le ballast. De plus sa batterie est montée sur un rail. Elle se déplace pour faciliter ses mouvements.
Le robot Grace (Gliding Robot ACE) se déplace lentement lorsqu’il plane et est moins manœuvrable. Ce mode de locomotion est donc adapté aux eaux profondes ou dépourvues de courant. Il utilise sa nageoire caudale pour nager dans des eaux peu profondes ou soumises à des courants.
Des livres pour la robotique
Le Royaume-Uni a annoncé un investissement de 36 M £ pour financer la recherche en robotique et systèmes autonomes dans le cadre d’un programme de 617 M £ pour la promotion de 8 domaines scientifiques et technologiques. En outre, le Technology Strategy Board a lancé un concours doté de 1,59 M $ pour aider les travaux autour de l’interaction entre humains et robots. Les 36 M £ seront utilisés pour créer des centres d’excellence dans les systèmes robotiques rassemblant chercheurs et industriels.
Le ministre de la recherche, M. Willetts a déclaré qu’aider la technologie à rejoindre le marché ne suffit pas. Il faut de vrais décisions stratégiques sur la recherche en amont des applications commerciales. En ce qui concerne les systèmes autonomes, il a souligné qu’il n’existait pas de leader industriel car le grand nombre d’applications dans différents secteurs fait que l’effort de R&D est fragmenté. En conséquence, le Technology Strategy Board a créé un groupe dédié à la robotique et aux systèmes autonomes qui produira une feuille de route technologique.
Human Brain Project : l’aventure du cerveau
Le Human Brain Project fédère 80 institutions de recherche internationales. Il a pour but de trouver des traitements contre les maladies du cerveau en en construisant un sur ordinateur. Le projet coûtera 1,2 M € sur 10 ans. La Commission européenne a annoncé qu’elle contribuera à son financement.
Le neurobiologiste Henry Markram dirige le projet à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Le principal obstacle est la dispersion des données sur les types de neurones et sur l’architecture des connexions entre neurones. Il s’agit de collecter ces connaissances pour en obtenir de nouvelles et construire un modèle sur des ordinateurs, d’ici 10 ans. Il serait alors possible de tester l’efficacité d’une molécule et d’analyser le comportement des neurones. Autre enjeu, le cerveau humain ne traite pas l’information comme un ordinateur. On estime qu’un ordinateur atteignant sa puissance de calcul coûterait un milliard d’euros par an en électricité. Il doit exister des solutions pour traiter l’information de façon moins énergivore.
Un robot chien pour les vétérinaires de demain
Durant des simulations de 10 minutes, des étudiants collectent des informations auprès du « maître » du chien robot et les analyse. Ils peuvent utiliser un chariot d’urgence, des fournitures médicales, un défibrillateur, prendre le poul, écouter le coeur et les poumons du robot. Les autres étudiants regardent depuis la salle vidéo. Une fois la séance terminée, ils se retrouvent tous pour regarder les enregistrements et débriefer.
Le projet de l’université Cornell est de former une clinique de formation complète ouverte 24/7. Les étudiants auront accès aux exercices pratiques comme la suture sur des modèles de peau ou la mise en place de cathéters sur de faux membres.
Daniel Fletcher, professeur de soins d’urgence, construit un nouveau robot chien. Il aura une voie aérienne plus réaliste, un compartiment abdomen mou, des jointures articulées, plus de zones pour poser les cathéters, plus d’espace à l’intérieur du corps et un aspect plus réaliste.
Robot de bibliothèque
L’université de Caroline du Nord a déployé des robots dans sa bibliothèque James B. Hunt. Le bâtiment abrite une collection de 1,5 millions de livres stockés dans plus de 18.000 conteneurs. Quand un étudiant demande un livre, un robot le récupère pour lui. Quatre robots travaillent entre des rangées de bacs de 15 m de long et de 37 m de haut. Un employé note la demande d’un étudiant sur un ordinateur, le robot le localise, le retire et le dépose dans un bac devant l’employé. La bibliothèque a été conçu par une équipe d’ingénieurs norvégiens qui estiment que cette méthode de stockage prend un neuvième de l’espace que des étagères traditionnelles exigeraient. Ouverte depuis février, la nouvelle bibliothèque Hunt se dégage complètement des anciennes, avec des salles de lecture aux couleurs vives découpées en alcôves où les lecteurs sont assis sur des canapés. Selon les avis d’autres bibliothécaires américains, la Bibliothèque Hunt serait celle présentant « le plus large éventail de technologies dans le pays ».
L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robot n°21 du 1er Mai 2013.