Une norme pour la robotique des soins
Une nouvelle norme de sécurité pour les fabricants de robots de soins à l’exclusion des applications médicales pourrait conduire à une augmentation des ventes des exosquelettes et des robots d’assistance. ISO 13482 a été conçu par plus de 50 experts et des observateurs de 12 pays. Pour Gurvindar Virk, animateur du projet, « L’absence de norme empêche une petite entreprise d’innover et de prendre le risque qu’un accident se produise avec son produit. Si cela survient, elle doit prouver qu’elle a évalué les risques de façon rigoureuse. Pour une petite entreprise, c’est difficile sans une norme ». « Des normes internationales fournissent aux entreprises des feuilles de route vers la commercialisation et inspirent confiance aux investisseurs », dit Venkat Rajan, directeur chez Frost & Sullivan. Elle renforce la sécurité de façon générale. Ainsi, bien qu’il n’y ait aucune exigence quant à l’utilisation de composants électroniques sans plomb dans les produits médicaux aux États-Unis, les entreprises américaines adoptent la norme européenne, plus stricte.
Avec l’aide de RoboEarth
RoboEarth est un stockage de données sur le réseau où les robots peuvent partager et apprendre les uns des autres sur les tâches qu’ils accomplissent. Les données stockées comprennent des composants logiciels, des cartes de navigation, des instructions de tâche. Le système met aussi la puissance de calcul de son nuage à disposition. Après 4 ans de travail, il était en démonstration à l’Université de technologie d’Eindhoven, dans un milieu hospitalier simulé. Initialement, deux robots ont exploré et cartographié deux chambres d’hôpital en utilisant des instructions stockées dans le nuage RoboEarth. Le même ensemble d’instructions a pu être utilisé, bien que les robots soient de modèles différents. Un patient a demandé un verre à un troisième robot. Ce dernier s’est référé à RoboEarth : à l’aide des cartes créées par les deux premiers robots et hébergées dans le nuage, il a amené le verre. Cette manifestation marque la fin du projet de recherche RoboEarth, mais celui-ci étant open-source, le système peut être utilisé et encore amélioré.
Voitures autonomes : quelle progression ?
Selon une étude d’IHS Automotive, le monde comptera 54 millions de voitures autonomes en 2035 et toutes les voitures seront sans conducteur en 2050. Le rapport a imaginé 6 niveaux. Au niveau 0, il n’y a aucune automatisation. Le niveau 1 est celui des véhicules actuels, avec des systèmes d’assistance au pilotage pour maintenir la distance de sécurité ou réguler la vitesse. Des modèles offrent déjà le niveau 2 où l’ordinateur contrôle quelques fonctions dans des situations spécifiques : les freins et la direction dans les embouteillages, par exemple. Mais la législation nécessitant des pilotes avec leurs mains sur le volant, elle rend ces capacités caduques. Au niveau 3, l’automatisation est complète dans certaines situations (conduite sur autoroute par exemple). Le conducteur n’a plus à regarder la route mais la voiture devra lui laisser la possibilité de reprendre le contrôle. Au niveau 4 la voiture conserve cette capacité mais gère l’ensemble du trajet. Pour réduire les de coûts, les contrôles humains auront disparus avec le niveau 5.
Souriez, vous êtes analysés
Des entreprises développent des algorithmes lisant les émotions afin de maximiser les campagnes de publicité. Procter & Gamble, PepsiCo, Unilever, Nokia et eBay utilisent leurs services. Elles ont développé la capacité d’identifier les émotions en analysant des ensembles de données massifs (des vidéos) avec des systèmes d’apprentissage. Avec la capacité de capturer des expressions trop fugaces pour être identifiées par un humain, les algorithmes fournissent une information inédite. Facet, de Emotient, fractionne ainsi l’expression du visage en 44 mouvements. L’algorithme identifie la joie, la tristesse, la colère, la surprise, la peur, le dégoût et le mépris. Le service du logiciel est offert au sein d’un kit de développement pour être utilisé par d’autres applications. La présence d’une webcam sur les terminaux mobiles va propulser cet usage. S’il est illégal d’enregistrer un utilisateur à son insu, il sera très difficile de s’assurer du consentement de tiers avec une technologie mobile utilisée dans le cadre d’une application mobile.
US Army : réduction des effectifs
L’armée américaine travaille à devenir « une force plus petite, plus meurtrière, déployable et agile», selon le général Robert Cone. L’armée étudie la réduction de la taille des brigades de combat de 4000 soldats à 3000 au cours des années à venir, et le remplacement des soldats perdus par des robots et des unités sans pilote. Il a mentionné l’utilisation de véhicules terrestres sans pilote qui suivraient les plates-formes pilotées, ce qui nécessiterait moins de blindage et de protection, réduisant le poids de l’équipe. Au cours des dernières années, « en faveur de la protection de la force, [l’armée américaine a] sacrifié beaucoup de choses». Je pense que nous avons aussi perdu en termes de létalité. » L’armée américaine réduit déjà son nombre de soldats de 540000 à 490000 d’ici fin 2015, et probablement à 420000 en 2019. « Quand vous voyez le succès que la marine a en termes de réduction du nombre de personnes à bord des navires, c’est qu’il y a des fonctions que nous pouvons automatiser compte tenu du fait que les gens sont notre principal coût « .
Asimov travaille pour Airbus
La rentabilité d’Airbus est moitié moindre que celle de Boeing. Pour améliorer sa compétitivité, l’industrie aéronautique étant peu automatisée, l’entreprise européenne robotise ses usines. Airbus a baptisé son projet Asimov. Un prototype a été construit et testé en présence de compagnons. Le projet prévoit le développement de robots capables de travailler avec les ouvriers : Asimov est un cobot, un robot collaboratif, spécialisé dans l’aide à l’assemblage d’éléments d’aérostructures. Installé sur une plateforme mobile, il travaille aux côtés des compagnons. L’IRT Jules-Vernes à qui a été confié le projet travaille à des robots «human friendly» : surface molle, forme arrondie, ets. Ils réalisent plusieurs tâches en utilisant différents outils. Un jour, ils seront commandés par la voix ou le geste. Asimov rentrera en service vers 2016 après des tests grandeur nature. Les cobots seront déployés dans les usines qui préparent des packages d’avions avant l’assemblage final. Les ouvriers d’Airbus ont été impliqués dans le projet et son déploiement.
Robot ? Présent !
Un robot destiné à remplacer en classe les élèves absents est expérimenté dans trois lycées de Rhône-Alpes jusqu’à la rentrée 2016. Il « permet à l’élève de se télétransporter dans la classe », selon Bruno Bonnell, fondateur de la société Awabot chargée du projet. Le robot se déplace et peut participer aux cours, sur commande de l’élève, immobilisé chez lui ou à l’hôpital. Pour un coût de 490000 €, il s’agit aussi de stimuler l’innovation dans 300 entreprises impliquées dans la robotique en Rhône-Alpes, et d’intéresser les élèves au sujet. Le robot de la société américaine Anybots coûte 12600 €, un coût qui devrait être divisé par 5 d’ici 3 ans. La majeure partie du projet est consacrée au développement de l’interface logicielle, qui pourra piloter n’importe quel robot, par exemple un robot européen de téléprésence. Le reste du budget servira à accompagner les élèves malades, leur famille et l’ensemble du corps enseignant pour favoriser la prise en main du robot et intégrer cette expérimentation dans un programme pédagogique.
Drone en cours d’impression
En 1983, l’Etat-major américain décide qu’il a besoin d’un nouveau chasseur. Le Raptor a été livré en 2005, 22 ans et 39 Mds de $ plus tard, et 14 ans après la chute de l’URSS. Ben FitzGerald, consultant au Centre de réflexion de la Défense américaine pense avoir la solution : l’impression 3-D, des chaînes de montage robotisées et les drones. Le principe : au lieu de construire des avions habités coûteux, en faible nombre, l’armée construirait des milliers de drones à partir de pièces imprimées 3-D, en utilisant des lignes d’assemblage robotisées fonctionnant 24h/24. Elle pourrait les déployer par essaims, infiniment configurables et automatisés. FitzGerald estime que le cycle de développement-production-livraison pourrait être réduit de 22 à 5 ans. Ce qui permettrait aussi d’augmenter rapidement les forces en cas de conflit majeur. L’armée pourrait apporter des imprimantes sur le terrain des opérations pour y construire des pièces de rechange. FitzGerald reconnait que «les technologies nécessaires n’ont pas encore atteint la maturité de production. »
Comme une fourmis dans l’espace
Une colonie de fourmis a rejoint la Station Spatiale Internationale. Sur Terre, les fourmis explorent l’espace en envoyant des émissaires. Si l’un d’eux découvre de la nourriture, il induit la création d’une ligne de fourmis, mais quelques unes continuent l’exploration des alentours. Si le nombre d’individus est faible, elles marchent en ligne droite. Lorsque le nombre est plus dense, elles réalisent des spirales. Plus une aire est intéressante, plus elles vont donc passer de temps à l’explorer, tout en explorant d’autres régions. Ce système intéresse les chercheurs en robotique. Si une flotte de robots explore un bâtiment effondré, ils travailleront plus rapidement s’ils ne doivent pas attendre les ordres d’une unité centrale. Pourquoi l’espace ? En microgravité, la fourmi a moins d’informations sur la densité. Que se passe-t-il alors le système de communication des fourmis est perturbé par la diminution de leur probabilité de rencontre ? La réponse donnera des hypothèses pour un comportement de robots si les communications radio sont interrompues.
Robot au Congo
Un robot de 2,50 m de haut règle la circulation à Kinshasa. En aluminium pour supporter le climat tropical, il se présente comme un agent de la circulation, avec une signalétique lumineuse et colorée et des bras mobiles pour faire de stopper les véhicule. Les usagers notent que depuis son implantation, il y a davantage de respect de la vitesse de circulation, des priorités et des piétons. Thérèse Inza, présidente de Women Technology, l’association qui construit ces machines, indique que d’autres sont en préparation, avec des améliorations. Avec des panneaux solaires pour assurer son fonctionnement, il pourra être relié à un centre de données en relation avec la police et être équipé de caméras. Les données seront collectées et les infractions repérées seront sanctionnées a posteriori. L’installation de ce robot est plus populaire que le recours aux forces de police, critiquées dans le pays. Chaque exemplaire coûte 15000 $, prix qui diminuera si les commandes affluent. La Commission nationale de prévention routière a été séduite par le projet et veut l’étendre.
Les voitures américaines se parleront-elles ?
Les États-Unis mettent en place une technologie de communication de véhicule à véhicule (V2V). Il s’agit d’un réseau connectant les ordinateurs des voitures et des camions pour le partage de données sur la vitesse, la position et les feux de circulation à proximité, afin de diminuer le nombre d’accidents. Par exemple, si deux conducteurs veulent basculer sur une même voie, ce système les avertira. Le ministère des Transports et de la National Highway Traffic Safety Administration proposeront une réglementation qui pourrait aller jusqu’à exiger la technologie V2V dans les modèles à venir. Si la réglementation est adoptée, les véhicules en circulation pourraient recevoir un équipement additionnel. Le réseau fonctionne avec la norme Dedicated Short Range Communications, un système similaire au Wi-Fi avec un canal dédié à faible temps de latence. Selon le ministère, 4 accidents sur 5 n’impliquant pas de stupéfiants pourraient être évités avec ce système. En informant sur les embouteillages, il pourrait aussi réduire les engorgements.
L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robots n°27 du 1er mai 2014.