L’IA, pour le meilleur et pour le pire
Le célèbre physicien Stephen Hawking co-signe un éditorial avec trois autres scientifiques à propos des réalisations de l’intelligence artificielle. «Ces réalisations seront pâles par rapport à celles des prochaines décennies. Les avantages potentiels sont énormes. Tout ce que la civilisation offre est un produit de l’intelligence. Nous ne pouvons pas prédire ce que nous accomplirons quand cette-ci sera amplifiée par l’IA. Le succès de l’IA sera le plus grand événement de l’histoire humaine. Il pourrait aussi en être le dernier si nous n’apprenons pas à en éviter les risques. À court terme, l’armée crée des systèmes d’armes autonomes. A moyen terme l’IA peut transformer notre économie pour apporter à la fois une grande richesse et une grande dislocation. Une telle technologie pourra déjouer les marchés financiers, manipuler les dirigeants, diriger le développement d’armes : nous ne pourrons même pas comprendre. L’impact à court terme de l’IA dépend de qui le contrôle, l’impact à long terme dépend de savoir si elle peut être contrôlée ».
Les «robots tueurs» devant l’ONU
Un robot tueur est une arme autonome qui sélectionne et engage des cibles sans intervention humaine. Ils n’existent pas actuellement mais la technologie avance vite. L’ONU a organisé une réunion d’experts sur le sujet qui remettra son rapport lors de la Convention sur Certaines Armes Classiques de novembre. Les partisans des robots tueurs croient que les lois actuelles de la guerre sont suffisantes pour résoudre les problèmes qui pourraient apparaître et qu’un moratoire devrait être appelé si ce n’est pas le cas. Le Pr Arkin pense que les robots tueurs réduiront le nombre de victimes non-combattantes mais craint qu’ils ne soient engagés dans la bataille avant que les progrès nécessaires ne soient accomplis. Il soutient donc un moratoire. Les opposants croient qu’ils sont une menace pour l’humanité et qu’ils devraient être interdits. Pour le Pr Sharkey : «les systèmes d’armes autonomes ne peuvent pas être garantis pour se conformer au droit international. Les états ne parlent pas entre eux à ce sujet, ce qui pose un grand risque pour l’humanité. »
Quand vos robots cicatrisent
Les petites fissures qui se développent sur la fibre de verre des voitures et des avions peuvent se transformer en dommages irréversibles. Un nouveau système mis au point par des chercheurs de l’Institut Beckman à l’Université de l’Illinois intègre un réseau vascularisé dans le matériau composite, semblable au réseau de vaisseaux sanguins du corps humain. Ce réseau artificiel permet à ce matériau de se réparer automatiquement lorsque le matériel est endommagé. «Quand une fracture se produit, cela rompt les réseaux remplis d’agents de guérison, libérés dans la fissure », déclare Jason Patrick. « Quand les agents de guérison entrent en contact avec d’autres, ils polymérisent pour former une colle adaptée à la zone endommagée. » Les chercheurs rapportent que les fissures sont réparées avec près de 100% d’efficacité. Nancy Sottos, second co-auteur, a ajouté, «La fabrication de la vascularisation s’intègre avec les processus de fabrication typiques de composites polymères, ce qui en fait un bon candidat pour un usage commercial. »
Le robot militaire aura une morale
L’armée américaine a lancé une campagne pour développer un raisonnement éthique chez les robots tueurs. L’Office of Naval Research attribuera 7,5 M de $ de subvention sur cinq ans à des recherches pour construire un sens du bien et du mal et de morale dans les systèmes robotiques autonomes. Selon Paul Bello, directeur du programme de sciences cognitives : « Les progrès sont rapides dans l’intégration de plus d’automatisation. Par exemple, les véhicules autonomes de Google sont légaux et déjà utilisés dans plusieurs Etats. En tant que chercheurs, nous essayons de rattraper cet état de fait pour en comprendre les implications éthiques et juridiques. Nous ne voulons pas être pris au même piège pour les applications militaires où des vies sont en jeu ». Et même si actuellement, l’armée américaine interdit l’usage de robots tueurs totalement autonomes, « ces systèmes peuvent tout de même être obligés de prendre des décisions morales». Par exemple, dans un scénario catastrophe, en étant contraints de faire un choix sur la personne à évacuer.
Une prothèse de science-fiction
La prothèse robotique Luke se fixe sur un moignon pour remplacer un bras perdu. Elle a été homologuée par la Food and Drug Administration. Fonctionnant en parfait complément du reste du corps, elle permet de retrouver un membre fonctionnel. Nommée Luke en hommage à Luke Skywalker, la prothèse repère les contractions des muscles grâce à ses électrodes avant de donner suite « naturellement » au reste du mouvement. Elle permet ainsi de saisir un verre, une bouteille, de ramasser une carte, d’introduire une clé dans une serrure, … La FDA l’a qualifiée de « premier appareil capable de répondre aux multiples ordres simultanés issus du cerveau ». La prothèse reprend le poids et la forme du bras perdu. Il est possible de n’avoir que la main. Le projet a notamment été financé par la DARPA qui a versé à hauteur de 40 M de $. Pour la mise sur le marché, Deka est encore à la recherche d’un partenaire pour prendre en charge la fabrication des prothèses. La prochaine étape est l’interface directe avec le cerveau qui réintroduira les sensations.
Neurogrid : comme dans un cerveau
Une équipe de l’Université de Stanford, dirigée par Kwabena Boahen, a développé une carte de circuit imprimé et ses puces, qui simulent l’activité neuronale 9000 fois plus vite qu’un ordinateur en consommant 100000 fois moins d’énergie. La carte, appelée Neurogrid, compte 16 puces NeuroCore. Chacune simule 65536 neurones, soit au total, 1 million de neurones et des milliards de connexions synaptiques. La puce est analogique pour simuler la variété des signaux ioniques des neurones. Le prototype a coûté 40000 $ mais l’industrialisation ferait baisser le prix à 400 $. Neurocore permet de modéliser l’activité du cerveau et peut être programmé pour agir comme différentes couches corticales. La faible consommation d’énergie pourrait diminuer le poids des batteries des robots et rendre possible l’implant d’ordinateur chez l’humain. Boahen veut utiliser la puce pour gérer des membres robotiques afin de montrer que les composantes répliquent leurs analogues biologiques pour convaincre que ce cerveau artificiel travaille comme celui humain.
Crabster CR200 sur les lieux de la catastrophe du ferry
Crabster CR200, un robot sud-coréen à 6 pattes inspiré des crabes et qui pèse plus d’une demie tonne a apporté son aide lors des opérations à proximité du site de la catastrophe du ferry Sewol en Corée du Sud. Le Crabster, qui a commencé ses essais en 2013, peut adapter sa posture à différentes conditions à une profondeur d’environ 200 m. Avec un sonar, il parcourt le paysage à la recherche d’objets intéressants et transmet les images de ses caméras embarquées. Jusque là, un essaim de petits bateaux travaillait sur le site du naufrage avec une visibilité de moins de 20 centimètres à une profondeur d’environ 45 mètres sous la surface. Ils faisaient face à des courants de marée de plus de 15 km/h. Crabster peut aller plus profondément, et pendant plus longtemps, mais il ne peut pas aller dans le bateau. Le Crabster a été lancé 13 fois au cours de la recherche, en avril et mai et il a passé 15 heures et 36 minutes dans l’eau. Il a depuis rejoint son laboratoire.
Mon patron est un robot
Deep Knowledge Ventures (DKV), entreprise de Hongkong spécialisée dans la gestion d’investissements à haut risque a nommé à son conseil d’administration un robot appelé Vital (Validating Investment Tool for Advancing Life Sciences). Il préservera les intérêts financiers de l’entreprise et déterminera les investissements les plus rentables. Vital est un logiciel développé pour prédire le succès d’un projet à partir des résultats prévisionnels, de la disponibilité des brevets et des levées de fonds précédentes des sociétés. DKV n’est pas la première entreprise à faire appel à Vital, mais la première à en faire un humain à part entière en lui accordant une voix lors des votes en CA. Pour Dmitry Daminski : « Si les gens peuvent être subjectifs ou influencés par leurs émotions, les ordinateurs, eux, peuvent avoir des intuitions géniales. Former une équipe mixte permet d’optimiser les avantages de chacun. Un tel logiciel va nous permettre d’accélérer les vérifications lors d’une transaction et de voir des corrélations qui ne sautent pas aux yeux des humains ».
Un petit robot marrant
Emiew est un petit robot rouge et blanc de 80 cm monté sur roulettes, avec au milieu du visage blanc deux points noirs en guise d’yeux. Des ingénieurs de la société Hitachi, lui ont fait apprendre tout une série de mots qui lui permettent ensuite d’analyser la question qu’on lui pose avant d’y répondre. Un ingénieur lui demande combien de personnes travaillent dans le centre de recherche. Le farceur lui répond: « nous avons deux cygnes ». Son interlocuteur reste perplexe. Alors Emiew lui dit qu’il blaguait: « T’as pigé? Je plaisantais. Il y a environ 800 personnes ». Si sons sens de l’humour n’est pas génial, le plus important est sa capacité à comprendre.
Selon Hitachi, le petit robot sait analyser les réactions de ses interlocuteurs, par exemple la signification de ses gestes, hochements de tête et autres mouvements.
Emiew (acronyme de « excellent mobility and interactive existence as workmate ») est destiné à tenir compagnie ou à faire fonction de réceptionniste.
Le robot autonome sera-t-il dangereux ?
Dans un article paru dans The Journal of Experimental & Theoretical Artificial Intelligence, Steve Omohundro prévient que les futurs robots autonomes « sont susceptibles d’agir de manière antisociale et dangereuse à moins d’être conçus avec beaucoup de précautions ». Ces robots seront « approximativement rationnels » : Ils disposeront d’une conscience de leurs buts et pourront prendre des initiatives pour les atteindre. Omohundro donne l’exemple d’un robot joueurs d’échecs. Quand les roboticiens sont interrogés sur la sécurité de leur machine, ils répondent : « Nous pouvons toujours l’éteindre ». Imaginez cette solution envisagée du point du vue du robot. Elle représente un futur où il ne pourra plus jouer aux échecs, but pour lequel il est programmé. Il pourrait alors se défendre. Omohundro dit que nous devons prendre des initiatives pour nous assurer que ces robots seront sûrs. Mais pour AJung Moon, de l’université de Colombie Britannique : « c’est difficle, les humains eux-mêmes n’arrivant pas s’accorder sur une définition de la morale! »
Robots russes : étape n°1 sur la Lune
Une information issue de documents secrets publiés dans le grand journal russe Izvestia annonce que le gouvernement de Vladimir Poutine veut une présence russe sur la Lune d’ici 2016. Cette fois-ci avec des robots. Ce projet fait suite à la récente mission robotique lunaire de la Chine. L’Inde et le Japon se préparent également à des missions d’exploration tandis que la NASA a des desseins de retours. La Russie aurait un plan en trois étapes qui commencerait avec des robots envoyés sur la Lune d’ici 2016. Viendrait ensuite, en 2028, l’envoi de missions habitées en orbite du satellite de la Terre. Dans la phase finale, prévue pour 2030, des humains seraient envoyés à la surface lunaire pour mettre en place l’infrastructure nécessaire à une colonie initiale en utilisant les ressources locales. Le programme prévoit également la construction d’un observatoire de surveillance de la Terre.
L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robots n°29 du 1er Septembre 2014.