Septembre 1918. Un biplan Voisin BN3 effectue un cercle de 100 km dans le ciel de France. Sa particularité ? Il vole sans pilote à bord, dirigé par radiofréquence.
Les projets d’avion radioguidé obtiennent, par la grâce de la Grande Guerre, les budgets nécessaires à leur développement. Mais ils arrivent trop tard dans le conflit et n’obtiennent pas les résultats opérationnels nécessaires à leur poursuite.
Nouvelle guerre, retour des budgets. Le temps du développement, et c’est 46 drones de combat américains Interstate TDR-1 qui sont utilisés durant l’année 1944. Ils sont armés de bombes ou de torpilles et partent pour des missions sans retour. 21 réussiront leur attaque.
1960, en France, Nord-Aviation lance le R20… et les programmes de drones sont écartés des priorités.
La recherche américaine se poursuit. Les boys morts lors de la guerre du Vietnam choquent l’opinion publique. La doctrine de l’armée se renforce : il faut limiter les pertes humaines. En 1971, pour la première fois, un drone Ryan Firebee lance un missile.
Les drones radiocommandés connaissent leur heure de gloire lors de la guerre du Kipour, les premiers drones israéliens saturant les défenses aériennes égyptiennes.
Il faudra attendre 20 ans et les progrès de la technologie pour qu’apparaisse en 1995 le Predator. D’abord chargé de missions de surveillance, il assiste ensuite les pilotes dans leurs tirs en réalisant un pointage laser. Suite à ses bons résultats, le drone devient armé en 2001 et partira pour la première fois en missions après les attentats du 11 septembre.
En 2011, l’Air Force forme plus d’opérateurs de drone que de pilotes.
Lors de la guerre du Vietnam, un drone AQM-34N Firebee est abattu. Ramené en Chine, il y jette les bases de cette industrie, jusqu’à la mise sur le marché du Wu Zhen 5, en 1981. Depuis, des drones chinois ont été utilisés au Nigeria et en Irak.
En Ukraine, les difficultés des forces arrivant par la frontière russe ont montré à la Russie la nécessité de moderniser son armée. Elle achete 10 drones Searcher 3 à Israel Aerospace Industries. Cet achat a réveillé l’intérêt de l’administration américaine. En effet, en faveur de l’application du traité Open Skies, les aéronefs des pays signataires, dont les Etats-Unis et la Russie font partie, sont admis à photographier le sol des cosignataires. Cet accord ne posait aucun problème à la Défense américaine tant qu’elle seule possédait des drones extrêmement sophistiqués. Les emplettes russes ont relancé le débat.
L’usage du drone bouleverse les règles de la guerre.
Le déport de l’équipage induit une distance autant physique que psychologique entre celui-ci et l’action sur le terrain.
[…] L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robots n°42 du 1er Novembre 2016